La calligraphie d’aujourd’hui
La calligraphie chinoise a le mérite de véhiculer des notions, des idées et surtout des sentiments.
Art plastique par excellence, puisque art de la forme et source d’infinies variétés dans le tracé des traits de caractères, la calligraphie est plus que l’habit qui embelli ces derniers, elle est l’âme visible d’un texte.
Art emblématique du monde chinois, art humaniste, elle se prête aussi bien à la contemplation qu’à la lecture et peut être appréciée d’innombrable façons.
Historique
Les premières traces d’écritures chinoises ont plus de trois mille ans. Sur des os, des carapaces de tortues, utilisées pour la divination et la comptabilité.
L’histoire des outils d’écriture est aussi très riche avant d’aboutir au pinceaux qui peuvent dépasser les dix sortes et mise en oeuvre (arrangement) des poils. Les styles d’écriture ont eux aussi évolués avec les compétences de ces outils merveilleux, en voici une synthèse.
Les styles
De tous les styles, sigillaire, « des scribes », courant, régulier et «herbe folles», le Kaishu ou régulier, est celui qui réunit l’ensemble des règles de la calligraphie. C’est le style enseigné dans nos cours.
Quel plaisir de voir courir le pinceau sur la feuille blanche, d’y laisser une trace, l’intention…
L’influence de la calligraphie
En orient, la calligraphie était une des formes d’art les plus appréciées. Dans la chine ancienne, impossible de passer un examen administratif pour obtenir un emploi public, si l’on n’était pas capable de faire preuve d’une calligraphie de qualité. « Le caractère chinois est le reflet de celui qui l’a écrit ». Ce célèbre dicton chinois explique la croyance solidement ancrée qu’une seule page de calligraphie suffit à révéler les secrets de la personne qui l’a écrite.
Les bienfaits de la calligraphie
L’étude de la calligraphie chinoise est un excellent moyen de développement personnel et d’harmonie intérieure. Quiconque a observé les balancements aériens vifs et précis de la main qui tient le pinceau a été frappé par cette impression de sérénité et de concentration douce que donnent les calligraphes en action, cette ambiance de promenade sans effort, dans laquelle on a bien envie d’entrer.
Le matériel
Les quatre trésors
Le matériel de calligraphie est composé de quatre éléments fondamentaux : le pinceau de poils, le bâton d’encre sèche, le papier de riz et la pierre à encre. Chacun d’eux a évolué au fil des siècles pour atteindre un remarquable niveau de raffinement.
Le pinceau est fait de poils d’animaux sélectionnés (chèvre le plus souvent) montés sur un manche de bambou. Un montage très savant de poils longs et courts, en plusieurs corolles, confère au pinceau la faculté d’absorber et de retenir une grande réserve d’encre qu’il relâchera en fonction de la pression et de l’angle exercé sur le manche. Vendu encollé et sous protection jetable, il doit être libéré de la colle soluble avant utilisation. Après chaque utilisation, les poils doivent être rincés à l’eau et le pinceau suspendu jusqu’au séchage complet.
L’encre se présente sous forme de tablette le plus souvent noire éventuellement décorée. Elles sont fabriquées à partir de laquier, d’aleurite, pin parasol ou huile de colza dont la suie est mêlée à de la colle pour être mise en forme. Ce bâton est frotté sur la pierre pour y libérer de fines particules. La consistance et les nuances de noir sont adaptées au fur et à mesure que l’on avance dans la pratique de cet art. Diverses couleurs et parfums peuvent y être mêlés. De nos jours, les encres en bouteilles offrent une mise en œuvre bien pratique.
La pierre à encre est le plus souvent en schiste de couleur noire. Au plan d’abrasion succède un réservoir appelé «puit». Après avoir versé quelques gouttes d’eau sur le plan, on frotte le bâton qui commence à se déliter et l’encre ainsi produite coule dans le puits. La finesse de la pierre influence celle des particules produites et par là même l’intensité des noirs obtenus. Les pierres peuvent être sculptées avec un grand raffinement et devenir des œuvres d’art.
Le papier de calligraphie est souvent appelé « papier de riz » bien que seuls les meilleurs soient fait à partir de ladite plante. Souvent de bambou, chanvre ou murier, les fibres sont broyées, bouillies et macérées des mois pour être enfin dispersées sur un tamis. Une fois sèche, elle absorbera l’encre pour former un ensemble quasi-inaltérable une fois sec. Pour l’apprentissage, des repères en croix peuvent être imprimés sur le papier ou sur le sous-main en feutrine pour délimiter le contour des caractères.
Un élément important de la calligraphie est la vitesse. En contact avec le papier, un pinceau se videra entièrement sans mouvement et à l’opposé, une encre épaisse donnerait un trait effiloché à grande vitesse. Les quatre trésors jouent ici un rôle significatif sur le résultat. Le papier a soif d’encre longuement frottée, fluide ou intense, avec ou sans reflets bleutés, transportée et déposée par le pinceau manié d’une main ferme et détendue, pour faire danser le manche sur l’espace blanc… Le Qi apparait !
Le maitre de la calligraphie
La calligraphie chinoise et poésie ancienne
« La calligraphie chinoise est plus qu’un art graphique, elle est considérée en Chine comme un art pour cultiver la sérénité de l’âme, de l’esprit et du corps physique, car elle est la meilleure expression de l’harmonie entre le Yin et le Yang de l’univers, entre le visible et l’invisible, entre le sensible et l’insensible et entre l’abstrait et le concret. La calligraphie chinoise, art millénaire à vocation esthétique certes, mais aussi gymnique et spirituelle est appelée Art de longue vie en Chine. Apprendre et exercer la calligraphie régulièrement améliore la concentration d’esprit, calme le mental par l’évacuation des pensées susceptibles de le troubler et contribue au retour de la sérénité profonde ».
Shi Bo.
Maître Lin Chi Yi
Maître Lin Chi Yi, calligraphe renommé, expose dans les galeries d’art et intervient au musée des arts asiatiques de Nice.
Avec beaucoup d’humour et de pédagogie, Maître Lin Chi Yi transmet son savoir avec un enthousiasme éclairé. Il nous emmène en voyage, à travers la poésie ancienne, l’histoire des idéogrammes et sa dextérité au pinceau, à l’époque des empereurs, des intrigues de la cour, de la pensée profonde de ce peuple raffiné où la poésie faisait partie intégrante de la formation des grands hommes.
Calligraphie, l’art martial
La calligraphie présente de nombreuses similitudes avec les arts martiaux internes par la concentration, la souplesse et la détermination. La nécessité d’une structure forte alliée à une grande détente.