Qu’est-ce que le Taichi ?
Le Taiji Quan, Tai Chi Chuan, l’orthographe n’est pas figée puisqu’il s’agit d’une traduction phonique, est une pratique ancestrale chinoise, au départ un art martial de défense à l’époque du moyen âge chinois. Transmis de père en fils durant des siècles au sein de la famille Chen, il était protégé comme un secret et offrait à la famille santé, respect et renommée.
Les membres de la famille, étaient commerçants pour la plupart, d’autres protégeaient les convois de marchandises. On dit que la seule vue de la bannière de la famille protégeant les convois faisait fuir les brigands.
Cette précieuse et puissante technique de défense fût enseignée aux familles impériales, aux membres de la garde rapprochée et une partie de l’enseignement à la troupe. Avec l’avènement des armes à feux, la précieuse technique de défense perdait de son utilité.
Pour perpétrer notamment les valeurs sur la santé, une partie de l’enseignement fût ouvert à la population. On peut voir aujourd’hui de nombreuses communautés chinoises pratiquer le matin dans tous les parcs du monde.
Ces pratiques allient la respiration à une gestuelle « externe ». L’enseignement traditionnel, « complet » est cependant resté très confidentiel en ce qui concerne l’aspect « interne » de cet art qui ne peut se résumer à chorégraphie rythmée par la respiration.
Le souffle, le Qi, est quelque chose de plus vaste et ne se confine pas à l’utilisation des poumons. De plus, une pratique globale de santé taoïste ne traite pas que le physique. Les différents aspects de la vision holistique de notre vie sont appréhendés et entretenus par les exercices physiques profonds ; les aspects martiaux et philosophiques de la pratique, synthétisés par le Taiji (nom du symbole aux doubles poissons noir et blanc) illustrent la dualité Yin/Yang.
Maître Ding Dahong descendant direct des lignées de maître Chen Fake et maître Yang Chen Fu, transmet son art dans l’esprit de la tradition. Une expérience hors du commun à la portée de tous les néophytes curieux et des amateurs de vision globale.
Le Taiji Quan est l’expression individuelle d’une philosophie qui prend sa source dans la notion de globalité de tout ce qui existe, dans le lien indestructible entre l’humain et la Nature, son appartenance.
Parfois considéré comme une gymnastique d’entretien, approfondi, c’est un merveilleux outil pour ressentir l’énergie vitale qui anime toute chose, et avec laquelle le pratiquant joue.
L’apparence douce, le côté Yin, enlace le côté Yang, la force interne. A l’harmonie s’oppose la lutte, partout existante dans la nature, entre les protons et les électrons, la nuit et le jour, l’intérieur et l’extérieur. De la sensation d’harmonie et de paix découle la présence, appelée aussi méditation active.
Cette méditation, sensation de faire partie d’un tout, s’apprécie en solo, où l’on développe l’écoute de notre corps, mais c’est à deux, par le travail des « Tui shou » que l’on expérimente la perception de l’environnement, de l’autre, qu’il faut apprendre à écouter, ressentir, parer pour riposter avec douceur et fermeté, sans effort mais avec détermination.
Les principes du Taiji Quan
Selon la légende, l’ermite Chan San Feng vit un serpent attaqué par une grue, répondre par des mouvements ondulatoires et souples venir à bout des attaques directes et brutales de l’échassier. San Feng en conclut que la souplesse et l’habileté pouvaient surpasser la force et l’agression.
Le tai chi Chuan est un art martial basé sur la philosophie chinoise du yin et du yang. Il développe l’utilisation du Yi (l’esprit) pour conduire le Qi (force de vie) dans le corps.
Écouter, sentir, absorber, détourner puis riposter est un enchaînement logique du Yin vers le Yang.
La lenteur nous fait découvrir la partie immergée de l’iceberg, celle qui nous concerne intimement, car l’autre partie, visible, concerne seulement notre extérieur. Sa pratique amène à regarder à l’intérieur de soi-même et pas seulement vers les autres. La lenteur nous fait entrer dans un autre monde.
Le pratiquant de Tai chi Chuan est à la recherche de l’efficacité du geste avec un minimum de dépense physique. La recherche de la détente nécessaire chemine vers une maîtrise du tonus qui vise l’élimination des tensions excessives inutiles.
La lenteur facilite l’acquisition de ce contrôle tonique synchronisé avec une respiration qui s’harmonise, l’effet aérobie est maximal. Cette coordination est obtenue par le lâcher et non pas par la volonté, laissant l’esprit disponible pour la méditation.
L’effort est réel, même s’il paraît modéré lors d’un enchaînement de Tai Chi Chuan, et reste toujours totalement adapté aux capacités de chaque pratiquant quel que soit son âge et sa condition physique.
Un maître chinois auquel on demandait à quoi peut servir le Tai Chi Chuan répondit :
« A faire que lorsque j’aurais vraiment compris ce qu’est la vie, il me restera encore suffisamment d’énergie pour la vivre pleinement jusqu’au bout. »
Cheng Man Ching
L’historique du taichi chuan
Un peu d’histoire…
Le Tai Chi Chuan est transmis de génération en génération dans la famille Chen depuis le 17ème siècle.
Chen Wangting, son fondateur, a conçu l’idée de faire mouvoir l’énergie en spirale. Le Tai Ji Quan style Chen représente l’origine de toutes les écoles de Taiji et a gardé les caractéristiques telles que la combinaison du Yin et du Yang, l’harmonie, la souplesse, l’énergie, la rapidité, la lenteur, la capacité du corps à se mouvoir en un seul ensemble, l’explosion de la force et la force en spirale. C’est une très bonne méthode de self-défense. Il peut être pratiqué par tous mais dans des approches adaptées à chacun.
A la fin du 19ème siècle, son arrière petit fils, Chen Fake créé la lignée de Pékin.
Maître Yang Lu Chan est probablement le maître ayant eu le plus d’impact et d’influence dans le développement du tai-chi chuan. Il est souvent qualifié comme ayant été le premier «étranger» à avoir pu apprendre et maîtriser l’art secret du taiji auprès d’un des membres de la famille Chen qui en aurait possédé le savoir exclusif jusqu’à lors. En 1850, maître Yang est engagé par la famille impériale pour lui enseigner l’art du Tai-chi chuan. Il enseigne également aux unités d’élites de la garde impériale Manchu dans les murs de la cité interdite. L’héritage de Yang Lu Chan résonne donc toujours haut et fort jusqu’à nos jours.
Maître Ding Dahong commence son apprentissage de l’école Yang en 1955 auprès de Maître Dai Yetao, disciple de Maître Yang Chen Fu, petit-fils de Yang Lu Chan. Il continue en 1968 avec l’école Chen auprès de Maître Tian Xuichen, disciple du célèbre Maître Chen Fake, descendant direct de la famille Chen.
Il représente la 5ème génération de l’école Yang et la 11ème de l’école Chen. Il est actuellement directeur de la fédération de Taiji Quan de la province de Anhui (Chine).
Les bienfaits du taichi
Des études scientifiques ont constaté les bénéfices du Taichi chuan sur l’organisme, même si l’effet placébo ne peut être écarté (la notion de Qi n’est pas validée scientifiquement). La médecine traditionnelle chinoise, sur laquelle se fondent les arts énergétiques, continue de recommander la pratique du Qigong et du Taichi chuan en curatif mais surtout en préventif.
Bénéfices et avantages du Taiji
C’est une pratique qui ne nécessite aucun équipement spécial, seulement des vêtements amples et des chaussures plates. Il peut facilement être pratiqué n’importe où et comporte peu de risques.
C’est à la fois un entretien physique autant qu’intellectuel qui nous convie à la méditation. Le Tai Chi encourage la rencontre avec les gens, une plus grande confiance en soi et l’indépendance.
C’est aussi un plaisir immense. Imaginez-vous enchaînant des gestes harmonieux, libérateurs, fluides et lents.
Votre respiration est profonde et votre esprit serein.
Vous prenez conscience de votre corps, de votre esprit, qui fonctionnent dans une subtile complémentarité bienfaisante et créatrice, tel le Yin et le Yang : vous faites du Taï-chi chuan !
Les Bénéfices du Tai Chi / Qi Gong sont nombreux dans les écrits :
– Augmente le tonus et l’endurance musculaire,
– Renforce, assouplit et améliore l’amplitude les articulations et donc des mouvements,
– Augmente la force des membres inférieurs et corrige la posture,
– L’attention portée aux mouvements de la colonne vertébrale aide à la stabilité de la partie inférieure du dos,
– Améliore l’équilibre, la latéralisation et la coordination,
– Améliore l’efficacité du système cardiovasculaire,
– Calme le système nerveux, apaise le mental, soulage le stress et l’anxiété,
– Améliore la mémoire, la concentration et développe la conscience de notre corps,
– Renforce le système immunitaire,
– Effectue un auto-massage des organes internes,
– Permet au corps un vieillissement harmonieux par une bonne conservation de toutes ses capacités,
– Supporter son poids aide à la formation des os et à la prévention de l’ostéoporose,
– Harmonise mouvement et respiration dans toutes activités quotidiennes,
– Équilibre le système énergétique du corps,
– Améliore la confiance en soi,
– Augmente la vitalité et la joie de vivre,
– Renforce l’énergie de l’esprit (Shen).
La coordination de la respiration, du mouvement lent et de l’esprit permet un véritable « centrage » ouvrant ainsi vers plus de sérénité. Le pratiquant comme le spectateur peuvent également y trouver un plaisir esthétique, mais le but final de cette méditation en mouvement est le lâcher-prise (wu wei) et débouche sur une purification, une régulation et une accélération de l’énergie dans les méridiens d’acupuncture.
En nous aidant à maintenir un esprit calme, dans un corps « centré » et dynamisé, cet art nous aide à vivre en pleine conscience notre vie quotidienne.
Le taichi style « Yang »
Le Taiji style Yang a été développé par le patriarche Yang Lu Chan, dit « l’invincible » de l’observation du style Chen. La légende dit qu’en tant que serviteur chez les Chen, il avait observé discrètement des cours secrets dispensés aux membres de la famille Chen. Découvert, le maitre avait accepté de lui transmettre la connaissance. Sa solide posture debout dite « arc et flèche » (gong pou) développe la souplesse interne et une bonne maitrise posturale, notamment des genoux. La notion de spirale plus discrète est cachée.
Le taichi style « Chen »
Le Taiji style Chen a été développé et transmis au sein de la famille éponyme. C’est le plus ancien style codifié développé pour protéger les paysans du village de Chenjiagou contre les incursions de pillards dans la chine médiévale. Sa solide posture basse dite « du cavalier » (mâ pou) développe la souplesse et une bonne maitrise posturale, notamment des genoux. La notion de spirale des membres est largement mise en œuvre.
Chen Style Taiji – Master Aiping Cheng
Les armes du taichi
Dans le prolongement de la main, l’objet.
Il est mû par le mouvement interne provenant du Dan Tian et transmis par le corps jusqu’au doigts. Tel le pinceau de calligraphie, régit par la même source, l’arme est mise en mouvement par le Qi dirigé par le Yi (l’intention). L’arme privilégiée du Taiji est l’épée.
Comme les pratiques à mains nues, l’épée fait l’objet de Tao Lu, enchainements structurés, spécifiques à chaque style.
Plusieurs pratiques différentes sont représentés ci-après :
L’épée
Assez légère, l’épée est affutée des deux côtés. Dans la pratique du Taiji, elle est souple pour gagner en légèreté et donc en vitesse. Maitrisée, le corps semble tourner autour de l’épée tourbillonnante.
Épée Yang
Épée Chen
Le sabre
Généralement plus solide que l’épée, le sabre est affuté d’un seul côté. Cette particularité permet de réaliser des blocages en appuyant l’autre main sur la lame.
Sabre Yang
Sabre Chen
L’éventail
Sous forme d’une arme cachée, l’éventail a pris une dimension martiale lors de l’interdiction du port de l’épée.
Éventail Yang
Éventail Chen
Double éventail
Notamment en chine, il existe des pratiques avec la plupart des armes doublées.
Tui shou
Aussi appelé « mains collantes » pour garder le contact et sentir le partenaire. C’est un exercice pratiqué à deux permettant de développer l’écoute de soi, de nos réactions et équilibres. L’autre aspect est l’écoute de l’autre, le partenaire. Cet échange permet d’affiner le travail de taiji à mains nues.